Il revient
Pour changer un peu, un texte écrit comme ça.
Elle l'entend revenir. C'est un souffle, une brise, un volet qui s'ouvre. Une lumière qui coule lentement à l'intérieur de la maison vide. La secousse est légère. Insensiblement, ses yeux s'animent. Il sourit sans doute. Il sourit tout seul, sur le seuil de la porte, fier comme un lion, il lève les yeux, laisse briller ses cheveux, il est silencieux comme un oiseau soudain libre. Dans les mouvements discrets de l'air, son parfum résonne comme son impatience. Il porte ses chaussures noires. Elles grincent sur le parquet. Son pantalon noir, si doux qu'un bruissement accompagne chacun de ses gestes. Sa chemise blanche. Ses cheveux décoiffés. Il porte toute l'attente sur ses épaules comme les signes d'une gloire passée. "Je t'ai attendu", il le disait bien souvent, il le disait comme il disait qu'il avait froid, qu'il avait peur de mourir. Elle écoute le son de sa respiration, régulier, parfaitement accordé à l'obscurité. La porte ouverte, entre-t-il ? Elle se lève. Peut-être c'est un rêve. Elle le rêvait depuis des mois. Il revenait. Il revient. Elle connaît ses yeux sans vraiment le reconnaître. Quelque chose de noir dans un coin de la pupille, une blessure distante, une poussière de la guerre.